L'infantisme

Infantisme n.m
L'infantisme désigne un ensemble de discriminations et de préjugés dirigés contre les enfants et adolescents, uniquement en raison de leurs jeunes âges.
« Encore un mot en "isme" ?! » En France, l’emploi de néologismes présente toujours le risque de froisser des sensibilités et de bousculer un certain conservatisme du langage. C’est en particulier le cas lorsqu’il s’agit de mots en « isme », en plus encore si ces mots proviennent du monde anglo-saxon. Dès lors, pourquoi le COFRADE assume-t-il d’adopter ce nouveau lexique ?
Nommer les choses, c’est leur donner une existence. Or, parfois, le champ lexical lié à un sujet arrive à bout de souffle et ne permet plus d’avoir suffisamment d’impact sur les esprits. Proposer de nouveaux mots est l’occasion de faire résonner de nouvelles idées, d’adopter de nouveaux angles d’analyse, qui permettent de redynamiser la pensée et le débat dans notre société. Ce fut le cas de mots tels que « infanticide », « féminicide », « antispécisme », « identité de genre », etc.
Le COFRADE considère que les mouvements de promotion des droits des enfants doivent, s’ils veulent être en harmonie avec les jeunes générations, adopter les nouveaux paradigmes qui ont fait le succès des autres courants militants que sont l’écologie, le féminisme ou encore le décolonialisme :
proposer une approche systémique des violations des droits
ne pas agir sans les premières personnes concernées
prendre conscience de notre propre participation inconsciente à certaines injustices
ne pas se contenter de postures défensives, mais assumer la revendication de droits nouveaux.
L’infantisme, ou la politisation de l’enfance
Si les organisations de la société civile, en particulier dans l’enfance, peuvent se déclarer a-partisanes vis-à-vis du jeu électoral, elles ne peuvent plus prétendre être a-politiques. Défendre des droits humains est une mission éminemment politique, dans la mesure où il s’agit de s’engager dans l’espace public aux fins de proposer des changements de société. C’est ce qu’ont compris nombre de mouvements militants qui ont pris beaucoup d’ampleur et qui sont parvenus à amorcer des changements de mentalités dans les domaines de l’environnement, des droits des femmes et des personnes racisées, des droits des personnes non binaires ou en situation de handicap, etc.
Dans le domaine de l’enfance, les organisations commencent tout juste à faire explicitement et publiquement le lien entre les questions qui concernent directement les enfants, et les enjeux de société transverses qui impliquent les jeunes générations parmi d’autres publics : les politiques néolibérales et productivistes, le patriarcat, le racisme structurel, le validisme, l’hétéronormativité… Politiser l’enfance ne signifie pas qu’il faille s’affilier à un courant politique, mais suppose que l’on considère les enfants comme des êtres situés au cœur des structures sociétales et au carrefour de toutes les inégalités sociales.
Politiser l’enfance signifie que si les promoteurs des droits des enfants ne s’intéressent pas au reste de la société, la société, elle, a une influence forte et parfois néfaste sur les enfants.

Anatomie d’une domination
L’infantisme est un outil analytique qui permet de mettre en lumière divers éléments politiques :
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les caractéristiques spécifiques des enfants ou partagées avec d’autres catégories sociales, sur lesquelles se construisent les discriminations ;
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l’anatomie du système de domination adulte et son fonctionnement global ;
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la nature homogène des atteintes aux droits des enfants, quels que soient leurs domaines et leurs manifestations;
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le continuum des violences faites aux enfants.
L’infantisme est également un très puissant levier de remise en question de nos propres consciences et actions qui peuvent desservir la cause des enfants. Il s’agit d’une quantité innombrable de préjugés positifs ou dépréciatifs, ainsi que d’habitudes comportementales ou organisationnelles, qui sont les expressions d’un infantisme intériorisé, même chez les militants des droits des enfants. En ce sens, l’infantisme permet d’être dans une réflexion permanente d’amélioration des discours et des pratiques.
Le COFRADE a publiquement lancé ses recherches sur l’infantisme en 2023, avec le concours de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH).
Vous souhaitez mieux comprendre l’infantisme et prendre la nouvelle vague des droits des enfants ?
Le COFRADE s’inscrit dans une démarche constante de recherche et de réflexion sur l’infantisme. Nous proposons des conférences de sensibilisation pour initier le débat et proposer de réfléchir à des changements de paradigme.
Contactez-nous pour en savoir plus
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